Les récipients souvenirs, offerts en éditions extrêmement limitées (à seulement 100 exemplaires chacun), tirent leur inspiration architecturale des pyramides et des stoupas de « haute valeur spirituelle où la lumière joue un rôle essentiel », comme l’indique Turrell.
Ce concept se traduit par des fioles modernes et géométriques de cristal Lalique teinté – présentoirs lumineux du nectar qu’ils contiennent. « En fait, ce sont des prismes », explique Silvio Denz, président-directeur général de Lalique SA.
Dépouillées et d’allure plus simple qu’il n’y paraît, les formes ont été exceptionnellement difficiles à produire – entièrement faites à la main – mais il n’y rien d’impossible pour les artisans de l’unique atelier Lalique, perdu dans le petit village français de Wingen-sur-Moder. C’est là que le fondateur René Lalique a allumé le premier four de verrerie de l’usine il y a plus d’un siècle. Les techniques artisanales n’ont pas changé depuis, du façonnage du matériau brut par le feu jusqu’au méticuleux polissage à la main.
Turrell a été tellement fasciné par l’artisanat du cristal qu’il s’est senti poussé à en tirer un deuxième concept artistique pour Lalique : Crystal Light, un panneau lumineux avec trompe-l’œil d’anneaux elliptiques, qui ondulent en couleur de façon hypnotique. Seuls 42 exemplaires en ont été fabriqués. Le panneau évoque également l’une de ses œuvres les plus célèbres, Aten Reign (2013), le « skyspace » créé spécialement pour le musée Guggenheim de New York.
Mais l’intervention la plus intrigante de Turrell dans sa collaboration avec Lalique a été son incursion dans un tout nouveau médium : le parfum. Il a donné une orientation créative non seulement au design des flacons, mais aussi à la fragrance elle-même, travaillant avec la maîtresse-parfumière Barbara Zoebelein de Givaudan. Et si les flacons reflètent sa préoccupation professionnelle de la lumière, les odeurs révèlent un côté plus émotif, plus personnel.
« C’est un projet très nostalgique, se souvient Mme Zoebelein. James voulait, bien entendu, que des éléments de l’Arizona y soient présents. » Plus particulièrement, Turrell était séduit par les notes de sauge pourpre et de vieux cuir – évoquant son Ouest américain natal. Ce sont ces odeurs qui collaient à ses jambières, lorsqu’il revenait avec sa femme, l’artiste contemporaine Kyung-Lim Lee, à leur ranch après une longue randonnée à cheval à travers le paysage de rêve du désert.