Perspective

L’univers horloger secret de Louis Vuitton

Coup d’œil exclusif à l’intérieur du siège social genevois de la maison de mode française

Beaucoup de grandes marques de mode excellent aujourd’hui dans la création d’une tendance, d’un décor passager et, avec un peu d’ambition, d’un monde éphémère qui leur est propre. Quand il s’agit de Louis Vuitton, un monde ne lui suffit pas.

Depuis plus de 165 ans, la maison de mode française s’est consacrée à créer un univers complet – qui sache représenter une constellation enthousiaste et expansive de biens de luxe. Fondée en 1854, la maison Louis Vuitton s’est toujours démarquée par le souci du détail et de la qualité, faisant évoluer avec l’air du temps ses produits clés – qui vont des parfums aux valises. C’est pourquoi il était logique que Louis Vuitton commence à dessiner des montres de luxe en août 2002. La maison annonçait alors les débuts de sa montre Tambour – désormais convoitée par les collectionneurs. Grâce aux nombreuses versions du modèle Tambour, Louis Vuitton a remis en question le statu quo de l’horlogerie.

Un élan que nous devons à la petite, mais solide équipe de La Fabrique du Temps Louis Vuitton. Installée à Genève, capitale mondiale de l’horlogerie, La Fabrique du Temps Louis Vuitton est à la fois atelier, studio et laboratoire. Sous la direction de Michel Navas et de son associé Enrico Barbasini, une pluie d’innovations sont nées, ont été développées et ont été testées sur place. « À maints égards, nous voulions rompre avec toutes les idées reçues », dit M. Navas. C’est pourquoi il continue de promouvoir depuis des années La Fabrique du Temps Louis Vuitton comme lieu de convergence du sang neuf, des esprits ouverts et des idées expérimentales.

La Fabrique du Temps
La Fabrique du Temps Louis Vuitton à Genève. (Photo : courtoisie de Louis Vuitton)

Michel Navas connaît à fond cette tradition de l’Ancien Monde. Avant même d’apprendre à conduire ou à se raser, il savait distinguer entre un cadran principal et un cadran secondaire. Son père, horloger dévoué de longue date, l’avait pris sous son aile et lui avait fait connaître les arcanes de centaines de marques de montre. Toutes ces heures de conversation horlogères à table ont poussé le jeune Michel vers de grands rêves.

« Ma mission chez Louis Vuitton était de trouver une façon différente d’afficher l’heure », dit-il de ses objectifs. « Nous avons commencé par quelque chose dont je suis des plus fier – un nouveau modèle appelé Tambour Spin Time, où de petits cubes rotatifs affichent les heures et une petite aiguille indique les minutes. » La configuration de l’espace entourant chacun de ces cubes horaires flottants de ce modèle est un exploit technique. L’usinage du mouvement doit être méticuleusement prévu, car le moindre écart de perfection pourrait tout désynchroniser.

Aussi avant-gardistes que soient les innovations provenant de La Fabrique du Temps Louis Vuitton, Michel Navas souligne que chaque acte d’invention est soigneusement examiné, jamais précipité. Par exemple, l’un des plus fameux modèles récents de Louis Vuitton a été baptisé Voyager Minute Repeater Flying Tourbillon. Le mécanisme Minute Repeater permet non seulement de lire l’heure visuellement, mais aussi de l’entendre en musique. On peut voir cette montre comme un carillon portatif : une note basse sonne pour les heures, une double note basse et haute pour les quarts d’heure, et une note haute pour les minutes. Ce niveau de complexité fait de ce modèle Voyager l’un des articles les plus travaillés jamais mis en marché par Louis Vuitton.

« Elle requiert 320 heures de travail », dit-il de la montre Voyager, soulignant qu’aucune montre Louis Vuitton n’est exécutée sur quelque chaîne de montage que ce soit. « La Fabrique du Temps n’emploie que 80 personnes, et 15 d’entre elles sont des horlogers – tous nos cadrans sont fabriqués en interne », explique-t-il. « Un seul et même horloger doit la fabriquer du début à la fin pour en assurer l’uniformité, afin que le son de la montre bénéficie d’un réglage unique. »

Watchmaker
La Fabrique du Temps compte seulement 15 horlogers, six maîtres-techniciens et huit artisans fabricants de cadrans. (Photo : Jake Curtis)

La toute dernière montre de Louis Vuitton, la Tambour Curve Flying Tourbillon Poinçon de Genève salue une autre réalisation de la marque. Tout d’abord, le design épuré – replète avec un logo bien affirmé au centre et une multitude de signes et lignes architecturales et graphiques – dépasse toute attente. Outre sa prestance, le design intègre des merveilles techniques.

Louis Vuitton’s lightweight watch, the Tambour Curve.
À 52 grammes, la montre Tambour Curve a le poids d’une ampoule électrique. (Photo : courtoisie de Louis Vuitton)

« La Tambour Curve est une étape marquante pour Louis Vuitton,” dit Navas. « C’est la première fois que Louis Vuitton utilise de nouveaux matériaux comme le titane et une fibre de carbone spéciale », explique-t-il. Le carbone du boîtier – à l’aspect du beau bois sombre – est conçu spécialement pour Louis Vuitton. Combiné à la palette chrome et argent qui encercle le cadran, il confère un caractère digne de l’ère spatiale, ce qui est loin d’être une coïncidence.

« Si vous pensez au monde de l’aéronautique, cette montre compte plusieurs couches de carbone provenant de cet univers, de sorte que chaque article et chaque boîtier sont uniques. » La propre inspiration de la montre Tambour Curve Flying Tourbillon est également peu conventionnelle, car sa muse est l’objet mathématique à une seule face appelé ruban de Möbius, une forme qui évoque l’infini.

 « Elle est très légère, dit fièrement Navas. Seulement 52 grammes, avec 46 millimètres à la base et 42 millimètres à la lunette – elle paraît sportive et robuste, mais on la sent à peine au poignet. » Le calibre porte le prestigieux Poinçon de Genève, conféré à une montre seulement si les exigences de l’esthétique et de certains éléments de construction du mouvement sont minutieusement respectées.

« Une fois la montre terminée, le bureau du Poinçon de Genève la conserve pendant deux semaines pour en vérifier toutes les composantes – même les vis, les moindres goupilles et les engrenages doivent avoir été finis, biseautés, polis et brossés par l’horloger. Ils l’inspectent dans six différentes positions. Si tout est conforme, ils nous retournent la montre avec le certificat », dit Navas.

Au-delà de la fabrication méticuleuse de la Tambour Curve Flying Tourbillon, il est également possible pour les clients de participer au design de leur propre montre. « Nous pouvons personnaliser la Tambour Curve, dit Navas. Vous pouvez avoir de l’or rose ou jaune, voire des diamants ou des saphirs sur ce modèle – dans le motif LV. » L’importance de ce moment sur mesure avec les clients ouvre, d’une certaine façon, une porte sur l’avenir. « Plus que jamais, nous voulons un objet fiable et exclusif au poignet – ce qui a fait depuis toujours la réputation de Louis Vuitton. »

« La force de La Fabrique du Temps Louis Vuitton, c’est notre habitude de travailler avec des gens de toutes origines », dit Navas, indiquant que son équipe de Genève est des plus diversifiée. « Différentes cultures s’allient pour réaliser ces designs ensemble, ce qui porte l’horlogerie à des sommets très fascinants, dit-il. Nous fabriquons des montres en ayant toute la planète à l’esprit et nous les concevons pour le monde de demain. »

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