Mexico est un lieu dynamique de contrastes étonnants. La plus ancienne capitale des Amériques sait chasser les mythes sur sa place dans le monde à chaque nouveau local ouvert, à chaque délicieuse bouchée et à chaque rencontre chaleureuse. Aussi sophistiquée que sans prétention, soignée, mais décontractée, puissante et pourtant humble – cette étourdissante mégalopole des plus accueillantes vous laisse un fort sentiment d’émerveillement. La ville porte peut-être les cicatrices du passé, mais une chose est sûre : la splendeur est restée.
Mexico remixée
Le resplendissant bijou des Amériques brille de nouveaux feux.
De Fraser Ballard - 23 mai 2023
Et Mexico est fière de ce passé. Construite par les Aztèques, mais démolie par les Espagnols, la ville affiche son histoire saisissante : vice-royauté au sein d’un empire, agitation sociale, dynamisme, taille et croissance implacables. Aujourd’hui, CDMX (comme on l’appelle ici) produit près du quart du PIB national, ce qui en fait l’une des villes les plus productives de la planète. Ça bouge. Et dans cette ville de 22 millions d’habitants, la transformation est aveuglante.
Mais il serait faux de dire que Mexico connaît son moment de gloire. Mexico, c’est le moment de gloire par excellence. Berceau d’artistes comme Diego Rivera, Frida Khalo, et Rufino Tamayo; des architectes visionnaires Alberto Kalach et Juan O’Gorman; et de grands chefs Enrique Olvera et Elena Reygadas, Mexico enchante en tout, partout et en toutes saisons. De l’art et de l’architecture à la gastronomie avec une approche du luxe locale unique, la ville mêle délicatement l’authentique au sublime.
Nourriture divine
Bien que Mexico n’ait inexplicablement pas de guide Michelin, elle compte cinq restaurants dans chacun des palmarès World’s 100 Best et Latin America’s 50 Best, ce qui en fait l’une des meilleures villes où manger, peu importe le secteur. Dans le quartier coloré de Roma Norte, à quelques coins de rue de la Plaza Rio de Janeiro, les plus branchés de la ville se régalent le midi au Máximo Bistrot, tenu par le chef Eduardo García et sa femme, Gabriela López. Dans leur nouveau local, où des lampes tachetées illuminent une mer de géraniums blancs dans un espace industriel transformé, Gabriela sert une interprétation moderne de la ferme à la table, comme de l’oignon sucré cuit dans le petit-lait, du fromage Comté et des cruffins, ainsi qu’une tarte de « caviar » au chocolat, avec de la vanille brûlée, du caramel et de la glace au poivre rose. Dans le chic quartier de Polanco (abritant Pujol, pilier de la haute cuisine mexicaine), les chefs Alejandra Flores et Jorge Vallejo du Quintonil combinent des ingrédients et techniques traditionnels dans un contexte moderne, servant du crabe « araignée de mer » en sauce pipián verde avec combava, basilic thaï et tostadas de maïs bleu, assortie de chawanmushi au maïs, mousse d’uchepos et ikura. Assurez-vous de réserver une place au superbe bar de marbre de la cuisine pour y savourer leur menu dégustation et voir les chefs à l’œuvre. Plus au sud, le quartier haut de gamme Jardines del Pedregal (chef-d’œuvre moderniste conçu par Luis Barragán) vous propose le Sud 777 d’Edgar Núñez, en tête de liste des Latin America’s 50 Best depuis quatre années consécutives. Outre un menu qui varie selon les meilleurs ingrédients de la saison – dont beaucoup proviennent du potager du restaurant, le chef présente une carte des vins tout aussi impressionnante, aux sélections mexicaines étonnamment naturelles. Profitez du repas du midi sur la terrasse, et ne manquez pas la pieuvre en croûte de cendres, du poivre piquillo et la mayonnaise xcatic; ou encore la salade de melon d’eau, de mezcal, de lait caillé, de bettes et de grenade.
La culture du cocktail à Mexico est une chose sérieuse qu’on traite aussi méticuleusement que tout autre mets et les réservations sont indispensables pour les principales adresses de libation (la ville accueille certains des meilleurs bars du monde). Au bar Brujas à direction exclusivement féminine, l’herboristerie mexicaine est à l’honneur, inspirée par des figures féminines historiques, comme Angela Vicario (la tequila altos plata infusée d’eau de fleur d’oranger, de sirop de citronnelle et de lime). À deux pas, au 56e étage du gratte-ciel Chapultepec Uno, au Ritz-Carlton surplombant le Paseo de la Reforma, Ling Ling réinterprète la scène des izakayas japonais animés, avec vues à l’avenant. Assurez-vous de réserver la table « Tres 60 » – un coin convoité flottant au-dessus de la ville. Fait à noter, c’est que, peu importe l’établissement, le service à Mexico est infailliblement attentionné et supérieur, digne de tout lieu étoilé par Michelin, et communiqué au personnel d’un simple signe de tête.
Séjours extraordinaires
Les meilleurs hôtels de la ville – Ritz-Carlton, St. Regis et Four Seasons – se regroupent autour du Paseo de la Reforma d’allure parisienne. Ce majestueux boulevard verdoyant ordonné par l’éphémère empereur du Mexique, Maximilien I, traverse le grouillant quartier des affaires de Mexico. Mais les secrets les mieux gardés se trouvent le long des rues tranquilles du triangle des quartiers Roma Norte, San Miguel Chapultepec et San Rafael. Par exemple, on y trouve l’Ignacia Guest House, éblouissante maison patricienne de style porfirien, par Andrés Gutiérrez, designer d’AD100. Velours colorés luxueux et textures naturelles s’allient à des touches hardies (appuie-livres sculptés à tête de serpent et antiquités transformées), en un mélange d’espaces privés et communs.
Détaillants remarquables
À proximité, la boutique Originario, de Gutiérrez, est une classe de maître en blocs de couleurs, qui vend des objets d’art excentriques et des curiosités d’inspiration aztèque dans un lieu qu’on ne saurait mieux décrire que comme un fiévreux rêve kaléidoscopique. De retour dans le quartier Polanco, sonnez discrètement à la porte et laissez-vous transporter par Xinú, parfumerie exclusive de Mexico misant sur la botanique des Amériques. Véritables œuvres d’art, les bougies polyvalentes écoresponsables au design haut de gamme sont disposées dans du verre soufflé, renfermant des effluves de tabac, de styrax, d’agave et de gaïac. Chez la voisine Sandra Weil, des vêtements élaborés évoquant l’esprit Bauhaus pendent délicatement d’un treillis de bois d’œuvre et de cuivre, où vous trouverez des collections Fashion Week et du prêt-à-porter, et où des morceaux sur mesure sont également disponibles sur commande.
Art triomphant
Ce n’est pas un secret : comptant 170 musées (une des villes du monde où ceux-ci sont les plus nombreux), plus d’une centaine de galeries d’art et une bonne trentaine de salles de concert, Mexico se fraie un chemin vers le sommet, non seulement pour la qualité de l’offre, mais aussi pour son ampleur. Par ailleurs, il ne faut pas oublier le château Chapultepec. Cet endroit étonnant – seul palais en Amérique du Nord à avoir été habité par la royauté – constitue un triomphe mexicain de design vice-royal et Second empire. Il fait écho aux goûts de Maximilien I par la dignité de son décor et ses jardins somptueux. Tant l’intérieur que l’extérieur évoquent la fameuse résidence de l’empereur à Trieste, en Italie.
Cependant, personne n’a autant le mérite d’avoir donné un second souffle à la scène culturelle de Mexico que le magnat des affaires et philanthrope Carlos Slim Helú, dont les multiples fondations soutiennent les institutions les plus prisées de la ville, comme le Museo Soumaya, qui détient la plus importante collection privée de sculptures originales de Rodin à l’extérieur de la France. Au Museo Jumex d’Eugenio López Alonso – l’une des meilleures collections d’art moderne en Amérique latine, tout juste de l’autre côté de la rue – des œuvres de Warhol, Duchamp et Kippenberger se mêlent à celles d’artistes locaux et à des pièces exposées en alternance. Une récente exposition intitulée Jannis Kounellis in Six Acts est à ne pas manquer, présentant des toiles, divers médias et des éléments sculpturaux de l’artiste gréco-italienne.
Merveilles architecturales
Des galeries dernier cri comme Kurimanzutto et Galería OMR organisent des visites – sur réservation seulement – des maisons privées Casa Gilardi et Casa Luis Barragán. Cette dernière est non seulement un site du patrimoine mondial de l’UNESCO, mais a logé le réputé architecte mexicain. La Cuadra San Cristóbal de 1966, de la Fondation Barragan, également propriété privée, est l’un des lieux les plus saisissants à visiter à Mexico. La réputation de Barragán est telle, qu’en lui décernant un prix Pritzker en 1980 – pour l’excellence architecturale – le jury a décrit son œuvre comme un « acte sublime d’imagination poétique ». Et c’est sur cette formulation pertinente qu’on peut vraiment commencer à comprendre la magnificence de Mexico.
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